Pourquoi l’hippopotame et le cheval ne se croisent plus : un conte malien pour éveiller les consciences à Ziniaré

 Pourquoi l’hippopotame et le cheval ne se croisent plus : un conte malien pour éveiller les consciences à Ziniaré

Par Passere Boureima

Un après-midi d’avril, à Ziniaré. Dans la cour du lycée privé Martin Luther King, les élèves se sont rassemblés, impatients et curieux, pour vivre un moment culturel unique. L’Espace Culturel Gambidi, accompagné de l’association Zirri-Tolon du Mali, était en tournée dans le cadre du Projet d’Immersion Artistique pour la Jeunesse (PIAJ), un programme mensuel financé par le Fonds Africain pour la Culture. Objectif : éveiller les esprits à travers le théâtre, les contes et les arts vivants.

Un conte, une culture, une leçon

Ce jour-là, les artistes maliens ont présenté le conte « Pourquoi l’hippopotame et le cheval ne se croisent plus », une histoire venue du fond des traditions orales africaines.

Le récit met en scène un cheval invité à une grande fête organisée par le roi des animaux. Pour être le plus élégant, il sollicite l’aide de l’hippopotame, qui accepte généreusement de lui prêter sa queue et de lui faire traverser le marigot. La condition ? Rendre la queue après la fête. Mais, grisé par son succès, le cheval refuse de respecter sa promesse et s’enfuit avec l’objet emprunté. C’est ainsi que, depuis ce jour, dit-on, l’hippopotame a une très petite queue… et qu’il ne croise plus jamais le chemin du cheval.

Une salle de classe à ciel ouvert

Plus de 280 élèves étaient réunis pour écouter ce conte plein de sagesse. Les rires fusaient, les silences étaient profonds, les regards concentrés. Mais le plus frappant, c’est ce que les enfants ont retenu, et surtout ce qu’ils en ont fait.

OUEDRAOGO G Robert , délégué des élèves du lycée, a pris la parole au nom de tous :

« Nous sommes infiniment reconnaissants pour ce que l’Espace Culturel Gambidi est venu nous offrir ce soir. Ça nourrit les esprits des enfants. Voler, ce n’est pas bon. Quand on emprunte, il faut toujours remettre. C’est un moyen de cultiver la solidarité et la confiance. Même si on n’a rien à donner en retour, il faut au moins dire merci. Merci beaucoup pour ce moment riche. »

OUEDRAOGO Ariel, également élève du lycée, a vu dans ce conte une leçon sur l’honnêteté :

« Le cheval a été ingrat. L’hippopotame l’a aidé à traverser, mais il n’a pas rendu la queue. Il faut savoir rendre ce qu’on emprunte. Et surtout éviter de voler, parce que le vol, ce n’est pas bien. Nous devons toujours être honnêtes. »

SAWADOGO Aniel, élève de 6e, a saisi le message de transmission :

« Maintenant, on sait pourquoi l’hippopotame a une petite queue. Ce conte nous a appris que quand on emprunte, il faut rendre. En sortant d’ici, nous ne devons pas garder ce que nous avons appris. Il faut l’enseigner aux autres. Merci à l’Espace Gambidi. On ne doit pas oublier cette histoire. »

Ces paroles, pleines de sincérité et de maturité, témoignent de l’impact réel que peut avoir un simple conte lorsqu’il est bien raconté, bien transmis, et surtout bien compris.

Le PIAJ, un rendez-vous mensuel pour les jeunes esprits

Le Projet d’Immersion Artistique pour la Jeunesse (PIAJ) propose chaque mois un spectacle original à destination des enfants et adolescents. Qu’il s’agisse de contes traditionnels, de théâtre, ou de danse, chaque création est soigneusement choisie pour transmettre des valeurs, éveiller la curiosité culturelle et nourrir la réflexion.

Avec des spectacles comme « La danseuse de l’eau » ou ce conte malien, l’Espace Culturel Gambidi allie tradition et modernité dans une démarche éducative forte. Jusqu’en juin 2025, de nombreuses représentations sont prévues, chacune portant une thématique sociale ou morale, ancrée dans le vécu africain.

Une mission noble : transmettre, éduquer, éveiller

En menant cette initiative, l’Espace Culturel Gambidi ne fait pas que divertir : il joue pleinement son rôle de passeur de culture. Il offre aux enfants une éducation sensible à travers l’art, les rendant plus conscients, plus humains, et plus responsables.

À Ziniaré, ce n’était pas qu’un spectacle. C’était une leçon de vie, transmise dans la langue du cœur et du partage.


La confiance est un pont qu’on ne traverse qu’une seule fois

Quand on nous fait confiance, on tient entre nos mains quelque chose de fragile mais précieux. Le cheval a profité de la bonté de l’hippopotame sans tenir sa promesse. En rompant ce pacte, il a détruit un lien.
Celui qui trahit la confiance des autres finit par s’exclure lui-même.

Ce conte rappelle à chacun — enfant comme adulte — que la loyauté, la reconnaissance et la parole donnée sont les piliers d’une société juste et harmonieuse. La beauté extérieure passe, mais la noblesse du cœur reste.

À ne pas manquer : prochain spectacle du PIAJ le 25 mai 2025

Le prochain rendez-vous du PIAJ est fixé au 25 mai 2025, avec la représentation théâtrale « Bissongo Tissongo » par la compagnie DANTHEMUZ. Un nouveau moment artistique et éducatif à ne pas manquer pour tous les jeunes curieux d’histoires, de théâtre et de découvertes culturelles.

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