La mode, des questions de goût

 La mode, des questions de goût

Quel jeans faut-il porter ? Doit-on tout superposer ? La veste est-elle l’avenir de la robe de soirée ?

Que ces interrogations vous taraudent ou qu’elles ne vous aient jamais effleuré l’esprit, elles sont l’occasion de découvrir ce qui, en matière de mode, nous inspire, séduit, interpelle. Les réponses, forcément subjectives, dessinent ce qui fait Le Goût de M. Même si elles ne font pas le tour de la… question.

Faut-il en rajouter une couche ?

Chemises Studio Nicholson. STUDIO NICHOLSON

En matière de stylisme, ce qu’on appelle le layering (le fait de superposer les vêtements) est une pratique vieille comme la mode. On a pu même s’en lasser tant certaines marques ou personnes en ont abusé jusqu’à l’absurde, couvrant les mannequins de robe-­chemise-gilet-veste-trench-manteau-doudoune jusqu’à les faire doubler de volume.

La superposition est un art qui, paradoxalement, vise l’épure. Si cette affirmation semble fumeuse, il suffit de regarder faire Nick Wakeman, la styliste qui se cache derrière la marque britannique Studio Nicholson et qui excelle dans la construction couche après couche de silhouettes d’un chic achevé.

Son compte Instagram prouve sans grand discours que la superposition ne doit pas se contenter d’être une accumulation mais vise un bon ordonnancement des matières et une certaine harmonie chromatique. Qu’on débute ou pas, deux leçons sont à retenir : rester dans un camaïeu de couleurs (même deux verts que l’on pense ne pas aller ensemble peuvent surprendre agréablement, comme un kaki et un vert cru) et, plutôt que de multiplier les typologies de vêtements, ne pas hésiter à se répéter. On viendra donc poser une chemise sur une chemise, un sous-pull sous un sous-pull, en jouant subtilement avec les cols et les manches.Lire aussi  La mode peut-elle se voir en peinture ?

Une veste peut-elle remplacer une robe de soirée ?

Veste en crêpe de laine Maison Rabih Kayrouz, AH 2021-2022

Celle de Rabih Kayrouz, oui. Le couturier a cherché pendant presque deux ans ce que
pourrait être « sa » veste. Il l’a dessinée et réalisée en 2013, l’a reconduite de saison en
saison, l’a déclinée en satin, en brocart et même en denim pour l’été prochain. Il parle d’elle avec une grande affection. Il l’a voulue structurée, confortable, et surtout pas contraignante car « l’élégance n’est pas esthétique, c’est un sentiment, dit-il. Elle vient d’une liberté de mouvement qui procure de l’assurance, de la confiance ».

Pour rester chic, il fallait que cette veste ait une attitude citadine, donc qu’elle soit épaulée. Mais aussi « qu’elle reprenne un geste qu’on qualifie parfois d’oriental mais que j’aime appeler le geste premier : celui qui consiste à s’envelopper dans un tissu ». La veste de Kayrouz peut donc se porter comme un kimono, comme une abaya ou comme un blazer. Le modèle sur la photo ne possède ni bouton, ni véritable col.

Taillée dans un double crêpe de laine, la veste est construite de telle sorte que les deux pans devant restent ouverts sur les côtés pour que l’on puisse glisser facilement ses mains dans les poches, ou danser. Dans une sorte d’équilibre parfait, retenus par l’épaule et la sous-manche, ces pans légèrement asymétriques se ferment naturellement grâce au poids du tissu.

Toutes les vestes n’atteignent évidemment pas cette perfection, mais penser à elle au moment de choisir un modèle habillé permet de zapper la case « robe du soir » pas toujours évidente à assumer. A retenir, donc : un joli tissu noir, une ligne d’épaule et le moins d’entraves possible dans le mouvement.

Qu’est-ce qu’un bon jeans en 2021 ?

Jean Goldsign modèle Jarvis: Jean fuselé taille haute à plis

Sans refaire le trajet de Nîmes au Far-West, on dira que le jeans a traversé trois grandes phases stylistiques ces cinquante dernières années : le bon vieux cinq-poches à papa, plutôt droit, un brin délavé et d’une propreté approximative, a longtemps été un classique indétrônable. Puis, au début des années 2000, la quête du « bon jeans » se résume à un seul critère : quel modèle fera le derrière le plus rebondi et sexy ?

L’attente est forte et les femmes se dévissent la tête pour vérifier que les poches n’écrasent pas, ni ne « mémérisent » leur fessier. Peu importe si le denim est grossièrement washed, si le ventre dépasse de la taille basse ou si les strass à l’aine ou les trous aux genoux sont aussi infantilisants qu’une licorne… S’il fait de belles fesses, c’est un bon jeans.

Heureusement, l’hiver 2021-2022 promeut les modèles qui ont fait la synthèse du « carrot pants » (avec pointe en bas) et du « boyfriend jeans » (forme cool comme piquée aux garçons), ascendant « jeans brut japonais ». La toile doit être ni trop raide ni trop informe, d’un indigo profond et bien repassée, l’ourlet au niveau ou juste au-dessus de la cheville, la taille plutôt haute couvre le nombril et les fesses doivent paraître les plus plates possible. Oui, le jeans 2021 est un intello, féministe de surcroît. Dans les boutiques, on parle même de « mama jeans ».

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