Salia Sanou, premier Africain à la tête d’un Centre Chorégraphique National en France : une nomination historique et pleine de promesses

 Salia Sanou, premier Africain à la tête d’un Centre Chorégraphique National en France : une nomination historique et pleine de promesses

C’est une première dans l’histoire de la danse contemporaine en France. Pour la première fois depuis leur création il y a près de quarante ans, les Centres Chorégraphiques Nationaux (CCN) accueilleront à leur tête un chorégraphe africain. Le Burkina Faso, et plus largement le continent africain, peuvent se réjouir : Salia Sanou vient d’être nommé directeur du Centre Chorégraphique National de Nantes (CCNN).

Cette nomination, agréée par Rachida Dati, ministre de la Culture, en accord avec les autorités locales de Nantes, marque un tournant majeur. Elle célèbre le parcours remarquable d’un artiste complet, visionnaire, profondément engagé pour la danse, la culture et le dialogue des peuples.

Un parcours enraciné et rayonnant

Né au Burkina Faso, Salia Sanou se forme très tôt au théâtre et à la danse africaine, notamment auprès de la grande Germaine Acogny. Il intègre en 1993 le Centre Chorégraphique National de Montpellier, sous la direction de Mathilde Monnier, où il participe à de nombreuses créations majeures. En 1995, il cofonde la compagnie Salia nï Seydou avec son complice Seydou Boro. Ensemble, ils ouvrent en 2006 La Termitière, premier Centre de développement chorégraphique à Ouagadougou, et lancent la biennale Dialogue de Corps, devenue un rendez-vous incontournable sur le continent.

À travers sa compagnie Mouvements Perpétuels, créée en 2011, Salia Sanou signe des œuvres puissantes et sensibles comme Du Désir d’horizons (inspiré par ses ateliers dans des camps de réfugiés), Papa Tambour, À nos Combats, ou encore De Fugues… en Suites…. Chorégraphe, interprète, pédagogue et auteur, il ne cesse d’interroger la place du corps, de la mémoire, et de l’altérité dans nos sociétés.

Un projet engagé et inclusif pour Nantes

Le projet de Salia Sanou pour le CCNN s’annonce audacieux, fédérateur et profondément ancré dans les réalités sociales et culturelles. Il propose une diversité de danses, mêlant traditions et modernité, des danses savantes aux pratiques urbaines, des ballets aux bals populaires. Le chorégraphe envisage des résidences itinérantes, des défilés chorégraphiques, des bals participatifs et un Arbre à palabres, pour faire du CCNN un lieu vivant, poreux aux réalités des quartiers comme des campagnes.

Sa démarche vise à interroger l’histoire et les imaginaires de Nantes, en résonance avec les circulations entre l’Europe et l’Afrique. Il veut placer la jeunesse au cœur du projet, s’ouvrir aux marges et à l’émergence artistique, en poursuivant notamment le festival Trajectoires dans un esprit de renouvellement.

Deux artistes seront associées à ce projet : No Anger, engagée dans une réflexion féministe et queer sur le handicap, et Alice Gautier, chorégraphe et vidéaste, toutes deux questionnant les liens entre corps et société.

Un souffle nouveau pour les CCN

Avec cette nomination, la France ouvre une nouvelle page de son histoire culturelle, en reconnaissant la richesse des parcours artistiques venus d’ailleurs. Pour l’Afrique, c’est une fierté immense et un signal fort : le talent, la rigueur et la vision des artistes africains sont désormais incontournables dans la fabrique du monde contemporain.

Salia Sanou prendra ses fonctions en janvier 2026, succédant à Ambra Senatore, dont le travail à Nantes a été salué. Il prépare déjà deux créations majeures : Trois fois seul, un solo sur la musique de Carla Bley, et Feeling Good, inspirée par Nina Simone, prévue pour 2027.

Une nomination qui dépasse les frontières. Une œuvre qui relie les continents. Un homme de danse au service de l’humanité.

Passere Boureima/ Journaliste culturel/ Burkina Faso

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